Soutien à la recherche et concours Lauréat.e.s du concours à l’attention des étudiants, membres du Réseau - Santé des population et questions éthiques 2022-2023
Félicitations aux lauréat.e.s du concours à l’attention des étudiants, membres du Réseau - Santé des population et questions éthiques 2022-2023 ! Découvrez les deux projets retenus ci-dessous.
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Favoriser la participation authentique des communautés dans la recherche en santé mondiale à Dhaka au Bangladesh : L’atelier délibératif comme outils de transfert des connaissances
Marie-Catherine Gagnon-Dufresne
École de santé publique de l’Université de Montréal / Centre de recherche en santé publique (CReSP)
Le projet vise à identifier, par un atelier délibératif mené en collaboration avec des utilisateur·rice·s de connaissances canadien·ne·s et bangladeshi·e·s, des stratégies pour favoriser la participation authentique des communautés marginalisées à Dhaka, au Bangladesh. Ce projet sera mené en amont de l’étude COESA, un essai contrôlé randomisé par grappes visant à diminuer l’incidence de dengue chez les habitant·e·s de quartiers défavorisés et des bidonvilles, à Dhaka au Bangladesh. COESA repose sur une intervention de recherche-action participative dans laquelle les communautés développent elles-mêmes leurs solutions pour diminuer le fardeau de dengue dans leur milieu de vie. Bien que cette étude avait initialement été mise en œuvre à Fortaleza au Brésil, le contexte sociopolitique difficile, la violence accrue dans certains quartiers de la ville ainsi que la méfiance des communautés à l’égard de l’équipe de recherche ont forcé son interruption en 2020. COESA sera donc relocalisée à Dhaka au Bangladesh en 2024. Le projet proposé permettra donc en premier lieu d’identifier de façon collaborative les barrières principales à la participation communautaire dans le contexte de Dhaka, et en deuxième lieu de développer des stratégies pour les surmonter avant la mise en œuvre de COESA.
Conformément aux principes éthiques de bienfaisance et de justice, il est crucial que la recherche en santé des populations implique les communautés (surtout les communautés marginalisées et/ou vulnérables) dans les initiatives mises en œuvre pour améliorer leur santé. D’une part, leur implication peut permettre de s’assurer que la recherche réponde bien aux besoins et aux priorités sanitaires de ces communautés. En effet, la participation des communautés en recherche peut en maximiser les bienfaits et en diminuer les torts potentiels, en s’assurant que les voix des communautés sont entendues et considérées à différentes étapes de la recherche. La participation en recherche fait donc partie du processus d’autonomisation des communautés, leur permettant d’avoir un meilleur contrôle sur les décisions et les actions pouvant influencer leur santé. D’autre part, la participation des communautés marginalisées en recherche peut contribuer à l’atteinte de la justice sociale et à la diminution des inégalités. Favoriser la collaboration avec les communautés marginalisées en recherche est une stratégie pouvant permettre de rejoindre des individus/communautés qui sont normalement exclu·e·s de la recherche. Cela peut diminuer les inégalités en permettant à ces individus/communautés de bénéficier de façon équitable des efforts mis en place pour améliorer la santé des populations.
La grossophobie en contexte de soins de santé ou la double peine des personnes vivants avec l’obésité
Chantal Brisson
Étudiante à la maîtrise en bioéthique à l’Université de Montréal (ESPUM).
Le projet s’inscrit comme un sous thème d’un projet de maitrise en bioéthique (et potentiellement d’un éventuel projet de doctorat). La grossophobie est une forme de discrimination particulière dont sont victimes les personnes vivant avec l’obésité et elle n’est pas absente des services de santé. L’un des aspects pervers de cette discrimination en contexte de soins est que la personne se trouve discriminée en raison de son état de santé. En effet, depuis 2010, l’obésité est une maladie reconnue par l’OMS. Maladies aux conséquences graves et tuant aujourd’hui plus de gens à travers le monde que la malnutrition. L’état de la recherche nous indique que non seulement la problématique de l’obésité est mal prise en charge, mais que les gens atteints d’obésité sont trop souvent discriminés dans leurs soins. C’est donc dire qu’en consultation, on les soigne généralement moins bien que les autres, sans leur assurer une prise en charge adéquate de l’obésité…
Ainsi, la grossophobie en contexte de soins de santé entraine plusieurs risques pour la personne atteinte d’obésité. D’une part, nous lui offrons de moins bons soins en raison de retards de consultation, d’investigations et de diagnostics. Ces différents retards ont trop souvent des conséquences tragiques (souffrances inutiles, décès évitables). D’autre part, nous lui offrons une mauvaise prise en charge de l’obésité. Même en cabinet, l’obésité est rarement un problème priorisé. Les professionnels ne s’en occupent pas parce que, selon certains, « les gens savent quoi faire ». Vraiment? Et même lorsqu’il y a une intervention de la part du professionnel, c’est malheureusement trop souvent mal fait…
Finalement, le projet s’intéressera aux questions liées à de politique de santé (au sens large) entourant l’obésité. Les médicaments disponibles pour traiter l’obésité ne sont pas remboursés par la RAMQ. Même chose concernant les appareils CPAP (très onéreux pour plusieurs budgets), nécessaire au traitement de l’apnée du sommeil. Maladie fortement associée à l’obésité qui, lorsqu’elle n’est pas traitée, augmente les risques de souffrir d’hypertension, d’accident cérébral vasculaire ou même d’accident de la route. Il semble raisonnable de se questionner sur l’impact d’une possible grossophobie systémique sur le choix de ne pas rembourser ces médicaments ou ce type d’appareil.