Soutien à la recherche et concours Lauréates Prix Meilleures Maîtrises - 2020-2021 - Best Master's Award

 

Le Réseau félicite Margot Guth, Gesthika Kaltsidis, Stéphanie Lanthier-Labonté et Marie-Hélène Lévesque, lauréates du Concours Prix Étudiant.e.s - Meilleures maîtrises en santé des populations 2020-2021. 

Résumés et liens aux travaux de maîtrise ci-dessous

 

Margot Guth (Maîtrise obtenue à l'Université de Montréal)

Relation entre l’exposition aux parabènes et les hormones de la reproduction: une étude chez les jeunes filles canadiennes

Les parabènes sont des substances antibactériennes et antifongiques utilisées comme conservateurs dans de nombreux produits d’usage courant (cosmétiques, soins personnels, pharmaceutiques et alimentaires). Les préoccupations quant à leurs risques pour la santé humaine proviennent d'études animales ayant montré des effets de perturbation endocrinienne, tels que des modifications du moment de l’entrée en puberté et des changements dans l'activité des hormones de la reproduction. L’objectif de ce travail était d’évaluer l’association entre les concentrations urinaires de parabènes et les concentrations sériques d’hormones de la reproduction (estradiol, progestérone, hormone folliculostimulante (FSH) et hormone lutéinisante (LH)) chez les jeunes filles âgées de 6 à 17 de la population générale canadienne. Pour ce faire, les données de l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé (2014 – 2015) ont été utilisées. L’association entre les concentrations urinaires de parabènes, corrigées par la créatinine urinaire, et des hormones a été analysée par régression linéaire multivariée, ajustée pour les facteurs de confusion potentiels. 

Les 382 filles et adolescentes incluses dans cette étude avaient un âge moyen de 11.0 ans, étaient majoritairement blanches (76%) et avaient un indice de masse corporelle normal (73%). La plupart des participantes (92 %) avaient des niveaux détectables d’au moins un parabène urinaire. Des concentrations de parabènes plus élevées étaient associées à des concentrations d'hormones de la reproduction significativement inférieures pour l’estradiol, la FSH et la LH ; il n’y avait pas d’association pour la progestérone. Un doublement des concentrations des parabènes urinaires était associé à des concentrations inférieures d'estradiol de 5,8% (IC à 95% -9,3; -2,1), de FSH inférieure de 4,2% (IC à 95% -7,9; -0,3) et de LH inférieure de 10,8% (IC à 95% -17,4; -3,7). Les analyses restreintes au sous-groupe des filles les plus jeunes (6-11 ans) ont montré des résultats similaires, bien que légèrement atténué pour la FSH qui n’était plus statistiquement significative.

Cette étude montre que l'exposition aux parabènes était associée à des concentrations circulantes plus faibles d'hormones de la reproduction chez les jeunes filles de la population générale. Le devis transversal ne permet pas de réaliser d’inférences causales. Néanmoins, ces résultats concordent avec les études animales et suggèrent que l’exposition aux parabènes pendant le développement puisse altérer le fonctionnement du système reproducteur. Les associations rapportées dans ce travail sont des changement subcliniques qui ne sont pas des anomalies manifestes du développement pubère. Cependant, la concentration de ces hormones est un facteur déterminant de la maturation sexuelle et des taux circulants plus faibles pourraient être associés à un retard de l’entrée en puberté. Bien que davantage d'inquiétudes aient été exprimées quant aux conséquences d'une puberté précoce, une puberté tardive pourrait également avoir des implications à long terme pour la santé. Des recherches supplémentaires de type longitudinal permettraient de confirmer, ou non, ces résultats.

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Gesthika Kaltsidis (Maîtrise obtenue à l'Université McGill)

Change in housing status among currently and formerly homeless individuals using emergency shelters, temporary housing and permanent housing services in Quebec, Canada:  Predictors and Typology

Contexte : Chaque année, plus de 235 000 personnes se retrouvent en situation d’itinérance au Canada, pour des coûts annuels associés de 7 milliards de dollars, incluant les coûts sociaux et des services de santé. La lutte contre l’itinérance est l’une des grandes priorités du gouvernement. Différents services de logement aident les personnes en situation d’itinérance tout au long de leur transition vers un logement stable et abordable, y compris les refuges d’urgence, les logements temporaires (LT) et les logements permanents (LP) avec ou sans soutien. La recherche évaluative sur les services aux personnes en situation d’itinérance a utilisé la stabilité résidentielle comme un indicateur clé d’efficacité. La stabilité résidentielle a généralement été définie en fonction d’une durée fixe de maintien en logement. Cette définition ne tient néanmoins pas suffisamment compte de l’évolution de la situation résidentielle de ces personnes. Peu d’études ont évalué les facteurs déterminant les changements dans les trajectoires résidentielles des personnes en situation d’itinérance, en particulier reliés à l’utilisation des services de santé et des services sociaux. De plus, les trajectoires résidentielles, tenant compte de différents types d’hébergement, ont rarement été examinées afin d’établir une typologie de la population en situation d’itinérance. 

Objectifs : Le but général de la présente thèse a été de mieux comprendre les trajectoires de stabilité résidentielle des personnes qui sont en situation d’itinérance ou l’ont récemment été, qui sont hébergés en LT ou en LP ou utilisent les refuges au Québec. La thèse a poursuivi les objectifs spécifiques suivants : 1) identifier les prédicteurs du maintien ou de l’amélioration des conditions résidentielles et 2) développer une typologie basée sur l’évolution de la situation résidentielle de ces personnes sur 12 mois. Méthodologie : Les participants, recrutés dans 27 organismes communautaires ou publics, ont été interrogés entre janvier et septembre 2017 et 12 mois plus tard. Des variables sociodémographiques, trajectoires de logement, conditions de santé, ainsi que l’utilisation des services et la satisfaction des participants ont été mesurés. Les directeurs et les coordonnateurs de programme de ressources des organisations sélectionnées ont également rempli un questionnaire lors du premier temps de la collecte des données, s’intéressant au fonctionnement des ressources (refuges, LT, LP). Les variables indépendantes ont été organisées en facteurs prédisposant, de besoins et facilitants, basés sur le modèle d’analyse comportemental de Gelberg-Andersen. Des régressions logistiques, des analyses par grappes et des analyses comparatives ont été effectuées. 

Résultats : Des facteurs prédisposants (être dans un LP au départ, être une femme, avoir des enfants) ont le plus fortement prédit un changement positif de la situation résidentielle après 12 mois, suivi des facteurs facilitants (consultation d’un psychologue, utilisation de services ambulatoires publics) et enfin des facteurs de besoins (de ne pas avoir de maladies physiques). Quant à la typologie, elle a identifié trois groupes sur cinq qui ont maintenu ou amélioré leur stabilité en logement sur la période de 12 mois. Ces résultats favorables étaient reliés à la diversité et la fréquence appropriés de services de santé et de services sociaux (facteurs facilitants), adéquatement adaptés à la nature et à la complexité des problèmes de santé (facteurs liés aux besoins). Conclusion: Les résultats de l’étude suggèrent quelques recommandations qui devraient faciliter l’accès en LP ou le maintien ou l’amélioration des conditions résidentielles des personnes en situation d’itinérance. Ces stratégies comprennent la consolidation de la gestion de cas dans l’ensemble des programmes de logement, l’amélioration de l’accès aux services publics de soins ambulatoires et la mise en œuvre accrue du LP dans les efforts visant à mettre fin à l’itinérance.

Background: Over 235,000 people experience homelessness per year in Canada. With annual costs of homelessness now estimated at $7 billion in Canada, including social and healthcare costs, addressing homelessness is a top government priority. Different housing services help homeless individuals along their transition towards stable, affordable housing, including emergency shelters, temporary housing (TH) and permanent housing (PH). Evaluative research on homelessness services have been using housing stability as a key outcome. Housing stability has typically been defined on a fixed duration of maintaining accommodation, which does not fully capture the change in housing status among homeless individuals. Few studies have assessed factors predicting change in individual housing trajectories, especially health and social service use variables. Moreover, housing trajectories across different housing types have rarely been examined to establish a typology of the homeless population. 

Objectives: The purpose of the present thesis was to gain a better understanding of trajectories towards housing stability of individuals who are currently or formerly homeless using different housing services (shelters, TH, PH) in Quebec. This research posed two specific objectives: 1) to identify predictors for maintenance or improvement of housing status and 2) to develop a typology based on change in housing status over 12 months. Methods: Participants, recruited from 27 community or public organizations, were interviewed between January and September 2017 and again 12 months later. Sociodemographic variables, housing history, health conditions, services use and satisfaction were measured. Directors and program coordinators from the selected organizations also completed a baseline questionnaire measuring housing resource variables. Independent variables were organized into predisposing, needs and enabling factors, based on the Gelberg-Andersen Behavioral Model. Logistic regressions, cluster analysis and comparison analyses were conducted. 

Results: Predisposing factors (PH at baseline, being female, having children) most strongly predicted positive change in housing status over 12 months in this study, followed by enabling factors (having consulted a psychologist, use of public ambulatory services), and lastly needs factors (not having physical illnesses). Moreover, the typology identified three of five groups which showed maintenance or improvement of housing status over 12 months that seem to require suitable types and frequencies of health and social services (enabling factors), that are well adapted to the nature and the complexity of health problems (needs factors). Conclusion: The study findings suggested some practical implications enabling access  towards PH or maintain stable housing. These strategies include enhancing case management across all housing programs, improving access to public ambulatory care services, and increasing implementation of PH in efforts to permanently end homelessness.

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Stéphanie Lanthier-Labonté (Maîtrise obtenue à l'Université de Sherbrooke)

Étude longitudinale sur l’association entre l’utilisation problématique d’Internet et la consommation d’alcool et de cannabis chez les adolescents québécois

L’utilisation problématique d’Internet (UPI) entraîne de nombreuses conséquences sur la santé physique, psychologique et psychosociale des jeunes. Il s’agit d’un problème de santé publique émergent pour lequel les connaissances scientifiques évoluent rapidement. À l’hiver 2018, la National Institute on Drug Abuse s’était demandé si les nouvelles applications d’Internet pouvaient expliquer certaines diminutions dans la consommation de substances psychoactives chez les jeunes en Amérique de Nord. À l’opposé, selon le modèle de Jessor (1987, 1991), les différents comportements à risque chez les jeunes (ex. : consommation de substances psychoactives) sont souvent associés entre eux. Jusqu’à maintenant, les études n’ont pas permis de déterminer si l’UPI est associée à la consommation de substances. En présence d’hypothèses divergentes quant au sens de l’association entre l’UPI et la consommation de substances psychoactives, cette étude longitudinale vise à déterminer l’association entre l’UPI en troisième secondaire et la consommation d’alcool et de cannabis une année plus tard, chez les jeunes Québécois. 

Un échantillon de convenance auprès de six écoles publiques et privées de trois régions du Québec a été étudié. Les étudiants des classes de troisième secondaire (n=719) ont complété un questionnaire autoadministré. Ils comprenaient des questionnaires validés sur l’UPI, l’anxiété, la dépression et l’impulsivité, en plus de questions sur le nombre moyen d’heures passées chaque semaine sur Internet pour des loisirs. Ils comportent également des questions sur la consommation d’alcool (consommation excessive d’alcool : au moins cinq consommations dans une seule occasion dans la dernière année et consommation fréquente d’alcool : au moins une fois par mois dans la dernière année) et de cannabis. Un an plus tard, les étudiants ont rempli le même questionnaire (n=593). Des modèles de régression logistique mettant en relation l’UPI au temps zéro et la consommation d’alcool ou de cannabis un an plus tard ont été réalisés en contrôlant pour le sexe, l’anxiété, la dépression, l’impulsivité et la consommation au temps zéro. 

L’étude n’a révélé aucune association entre l’UPI et la consommation excessive d’alcool, la consommation fréquente d’alcool, la consommation de cannabis dans la dernière année et la consommation fréquente de cannabis. De façon similaire, aucune association n’a été trouvée entre le temps moyen passé sur Internet et la consommation excessive d’alcool, la consommation fréquente d’alcool, la consommation de cannabis dans la dernière année et la consommation fréquente de cannabis. Bref, cette étude n’a pas révélé d’association entre l’UPI chez les étudiants de troisième secondaire et leur consommation d’alcool et de cannabis un an plus tard. En raison de l’émergence des problèmes liés à l’utilisation d’Internet, davantage d’études doivent se pencher sur les liens entre l'UPI et les comportements de consommation chez les jeunes.

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Marie-Hélène Lévesque (Maîtrise obtenue à l'Université de Sherbrooke)

Facteurs d’influence et actions requises à la mise en œuvre du programme Remodeler sa vie® en milieu communautaire québécois : Résultats d’une étude de préimplantation

Introduction : Le vieillissement de la population requiert la mise en place d’interventions efficaces afin de soutenir le vieillissement en santé. Malgré des évidences croissantes, les interventions d’ergothérapie préventive sont minimalement intégrées à la pratique, surtout au Québec. Développé en Californie, le Lifestyle Redesign® est un programme ergothérapique novateur et efficace visant le développement de modes de vie sains et signifiants pour les aînés. Au Québec, le programme n’est pas implanté en clinique et sa formation était, jusqu’à récemment, uniquement disponible en anglais. Objectifs : Examiner l’adaptation culturelle de la formation traduite du Lifestyle Redesign® (Remodeler sa vie®) et explorer la préimplantation du programme en identifiant des facteurs susceptibles d’influencer sa mise en œuvre ainsi que des actions à entreprendre. Méthodes : Une validation transculturelle et une recherche-action ont été utilisées auprès de 24 participants, soit 20 ergothérapeutes et 4 finissants en ergothérapie, recrutés par choix raisonné. Après avoir été formés à la version canadienne-française du Lifestyle Redesign®, les participants ont pris part à deux groupes de discussion animés à l’aide de guides d’entretien semi-structurés. Une analyse de contenu thématique, soutenue par une grille de codage mixte, a été réalisée. Résultats : L’ensemble des participants étaient des femmes âgées de 22 à 60 ans qui ont salué l’accès à une version francophone du programme. Selon elles, les thèmes abordés sont adaptés au contexte québécois, mais une formation davantage ‘clé en main’ et socioconstructiviste doit être envisagée. La pertinence d’intégrer le programme Remodeler sa vie® à la pratique est sans équivoque, mais comporte des défis (ex. : partenariats). Des facilitateurs liés à l’intervention (ex. : résultats probants), au contexte socioculturel (ex. : population vieillissante) et aux individus (ex. : intérêt des ergothérapeutes) sont susceptibles de soutenir l’implantation. Pour implanter le programme, un plan comportant six axes prioritaires d’implantation et 15 objectifs sur deux ans a aussi été développé. Conclusion : En abordant, pour la première fois, les facteurs d’influence à l’implantation du programme Remodeler sa vie® et en proposant un plan détaillé, cette étude contribue à l’intégration d’approches préventives permettant de mieux soutenir le vieillissement en santé des Québécois âgés.

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